Jean Morel est né le 21 octobre 1891 à Lampaul-Ploudalmézeau au lieu dit de Kerleac'h. Ses parents Joseph Morel et Catherine née Cabon étaient agriculteurs.
Incorporé en 1911 au 48 Régiment d'Infanterie basé à Guingamp, son régiment fait partie de la 37e brigade d'infanterie, de la 19e division, du 10e corps d'armée qui a pris part à la bataille d'Artois (Pas de Calais) et à l'offensive du "point du jour - Bailleul-Sir-Berthoult", à partir du 9 mai 1915.
Pendant cette offensive qui s'est terminée le 16 juin 1915 sous le commandement du général Pétain (seulement commandant du 33e corps d'armée à ce moment là), les pertes francaises ont été de 2 260 officiers, dont 609 tués, et de 100 240 soldats, dont 16 194 tués, 63 619 blessés et 20 427 disparus.
Jean Morel est disparu au combat dès le 9 mai 1915 à Bailleul à l'âge de 24 ans tout comme un grand nombre de ses camarades finistériens du 48 RI. Les parents de Jean ont vu 3 de leurs fils partir au front en août 1914, sans eux pour continuer les travaux des champs. Sur les trois frères Yves, Gabriel et Jean, seul Gabriel est revenu de l'enfer.
Les descendants de Jean Morel ont conservé de multiples objets de la mémoire familiale qu'ils nous autorisent à diffuser. Un des plus émouvant provient de Jean lui même qui a écrit une carte postale à ses parents 4 jours avant sa disparition et dont la teneur est retranscrite ici:
"J M J Le 5 5 15
Bien chers parents
Je vais vous écrire ces quelques mots pour vous faire connaître l'état de ma santé qui marche toujours trés bien Dieu merci en désirant que vous serez tous de même à la réception de ma carte. J'avais reçu votre colis de beurre avant-hier il étais bien paqueté. J'avais reçu une lettre de Yves hier et de Gabriel aujourd'hui ils sont toujours en bonne santé. Je termine ma carte en vous embrassant tous de tout coeur votre fils qui vous aime.
Jean même adresse."
Remerciements à la famille de Gabriel Morel, domicilé à Chateauneuf du Faou qui nous autorise à diffuser ce patrimoine historique inestimable.
La bataille d'Artois est considérée comme une des premières victoires militaires francaises durant cette guerre car au printemps de 1915 nous ne possédions encore que des moyens offensifs restreints, alors que la tactique défensive allemande mettait en jeu une puissance matérielle inégalée. La surprise des allemands fut telle qu'un de leur état-major qui occupaient Lille commenca hâtivement ses préparatifs de départ. Cette bataille succédait à celle du premier hiver, livrée en Champagne, où quarante jours d'efforts sporadiques n'avaient réussi qu'à égratigner la cuirasse de la fortification allemande. Cette victoire se fit néanmoins au prix de plus de 100 000 soldats perdus ou blessés en 38 jours de combat...